Il est connu qu’une large majorité d’immeubles en copropriété au Québec souffrent actuellement d’un déficit chronique d’entretien. Ce désintérêt surprenant pour l’entretien des immeubles en copropriété nuit actuellement à la valeur de revente des unités de condos. La mauvaise gestion des registres des clés des unités de condo des grands immeubles est un exemple précis et concret qui permet de qualifier l’ampleur du problème qui a cours. Cet article vise à sensibiliser les copropriétaires et à les aider à identifier des pistes de solutions pour mieux protéger leurs investissements.
Un registre des clés, pourquoi?
Les dégâts d’eau en copropriété sont très fréquents. Qu’il s’agisse d’un chauffe-eau en fin de vie utile qui déverse tout son contenu, ou simplement un pommeau de douche défectueux, lorsque l’eau coule en copropriété, les dégâts sont rarement mineurs. Les conséquences peuvent être dévastatrices pour les copropriétés comportant des unités réparties sur plusieurs étages. Les dégâts d’eau coûtent cher, parfois pour longtemps, notamment en primes et franchises d’assurances, et ce en sus du stress et du désarroi qui s’ensuivent après avoir constaté les dommages. La solution pour limiter les coûts de tout sinistre par l’eau est d’intervenir rapidement afin de neutraliser la source. Mais comment intervenir si le syndicat n’a pas accès aux doubles des clés des unités de l’immeuble? Évidemment, défoncer quelques portes d’unités de condo pour identifier précisément le lieu de la source d’eau n’est pas une solution à considérer. Il n’y a malheureusement pas de solution miracle, un double des clés est toujours nécessaire. C’est incontournable pour gérer efficacement toute situation d’urgence en copropriété.
La source du problème
On pourrait croire que la décision d’un copropriétaire de laisser un double de la clé de sa partie privative à l’administration de l’immeuble devrait être facile, voire même banale. Ce n’est pourtant pas si simple. Nous constatons que certains copropriétaires sont réticents à fournir un double de leur clé. Les raisons les plus invoquées sont « de ne plus se sentir chez soi » ou de « craindre que quelqu’un puisse entrer indument dans l’unité sans consentement préalable ». Force est aussi de constater qu’une majorité de gestionnaires professionnels de copropriétés ne sont que rarement présents aux immeubles; dans ces circonstances, même avec un double des clés à sa disposition, un gestionnaire absent ne sera pas en mesure d’intervenir rapidement. Peu importe les raisons de chacun, bonnes ou mauvaises, il apparait en bout de piste que des copropriétaires diligents se retrouvent malgré eux, souvent sans le savoir, à payer des frais supplémentaires salés pour d’autres. Plutôt injuste direz-vous!
L’obligation de le faire
L’obligation de laisser un double de sa clé à l’administration pour les situations d’urgence est prévue dans une très large majorité de déclarations de copropriétés. En fait, rare sont les immeubles ou cela n’est pas exigé. Pourquoi y-a-t-il si peu de registres de clés alors me demanderez-vous? Difficile de se prononcer mais une chose est certaine, toute déclaration de copropriété doit être appliquée par les administrateurs (ou le gestionnaire professionnel, le cas échéant) et elle ne peut être modifiée que par l’assemblée des copropriétaires de l’immeuble.
Une gestion déficiente
L’application arbitraire de la déclaration de copropriété est un indice de gestion défaillante. Si tel est le cas dans votre copropriété, considérez ceci comme étant un signal qu’il faut vous intéresser davantage aux affaires du syndicat. Si vous n’y voyez pas, une gestion de copropriété déficiente vous obligera à mettre la main dans votre poche plus souvent et plus profondément qu’autrement. À moyen terme, le prix de revente de votre condo n’atteindra jamais sa pleine valeur.
Un beau malaise
L’impopularité surprenante des registres de clés des parties privatives des immeubles laisse transpirer une attitude désinvolte face à la gestion des immeubles en copropriété. Un registre des clés bien tenu et bien sécurisé est un signe de saine gestion, surtout pour les grandes copropriétés. N’hésitez pas à me joindre pour en discuter.
Publié le 3 mars 2017 par l’Ordre des administrateurs agrées du Québec.